Par Jean-Marc Combronde
Plonger dans l’univers du grossiste alimentaire, c’est découvrir l’épine dorsale invisible de notre assiette. Pendant trois décennies, Jean-Marc Lefèvre a orchestré la chaîne d’approvisionnement entre producteurs, fournisseurs et détaillants. Son entreprise, « DistriAlim », approvisionne 1 200 clients en France, des épiceries fines aux cantines scolaires. Dans cet entretien, il lève le voile sur les défis de la logistique, l’évolution des tendances consommation, et l’art de négocier avec les géants comme Nestlé ou Danone. Un secteur où la gestion des stocks rime avec survie, et où chaque camion réfrigéré est un maillon vital. Prêt à explorer les coulisses du marché de gros ? Suivez le guide.
Le Parcours d’un Visionnaire de la Distribution
Notre première question : Comment êtes-vous entré dans ce métier ?
« Par hasard ! En 1993, j’étais chauffeur-livreur pour un grossiste en fruits. Un jour, une panne de camion a fait fondre 500 kg de glaces Savencia. J’ai négocié jour et nuit avec les fournisseurs pour les remplacer. Le patron a vu en moi un sens du relationnel. Depuis, je n’ai plus quitté le commerce de gros. »
Les Clés de la Réussite : Logistique et Agilité
Quel est le secret pour durer 30 ans dans ce secteur ?
« La logistique est reine. Une gestion des stocks précise évite le gaspillage des produits frais. Et il faut anticiper : quand Mondelez (Oreo) lance une promo, on double les commandes ! Mais le vrai défi ? S’adapter. Aujourd’hui, la traçabilité est cruciale. Un client veut savoir si ses avocats viennent du Pérou ou d’Espagne. On utilise des QR codes pour tout retracer. »
L’Évolution du Métier : Du Téléphone à l’IA
Comment le digital a-t-il changé votre quotidien ?
« Avant, on commandait chez Lactalis (Président) par fax. Aujourd’hui, notre plateforme en ligne gère 80% des transactions. Le référencement SEO est devenu vital : 40% de nos nouveaux clients nous trouvent via « grossiste alimentaire près de moi ». Et l’IA optimise nos tournées de livraison. Mais attention : rien ne remplace un café avec un producteur de fromage Bel Group (Babybel) ! »
Défis Actuels : Inflation et Attentes Écolos
Quels obstacles relevez-vous ?
« L’inflation serre les marges. Unilever (Magnum) a augmenté ses tarifs de 12% en 18 mois… On compense par des prix compétitifs sur le volume. Et les clients veulent du durable : Bonduelle nous demande des légumes bios en vrac. Même Coca-Cola et PepsiCo poussent leurs canettes recyclées. Notre réponse ? On a réduit nos emballages plastique de 30%. »
Grandes Marques vs. Producteurs Locaux : L’Équilibre
Comment gérez-vous ce duo ?
« Nestlé (Nescafé) ou Kellogg’s (Spécial K) assurent la stabilité. Mais le local monte en puissance : 25% de notre CA vient de producteurs régionaux. Exemple : on vend des yaourts Danone… mais aussi ceux de la ferme Durand à 50 km. Le consommateur veut les deux : la marque rassure, le local séduit. »
Conseils aux Jeunes Grossistes : Humilité et Tech
Votre mantra pour un nouvel entrant ?
« Investissez dans un bon logiciel de gestion des stocks. Et créez du lien ! Un fournisseur de poisson qui vous aime vous prévient si la pêche est mauvaise. N’oubliez pas : derrière un pot de Ferrero (Nutella), il y a des humains. Visitez les usines, comprenez leurs contraintes. »
L’Avenir se Nourrit de Liens
Le commerce de gros alimentaire n’est pas qu’un jeu de volumes et de prix compétitifs ; c’est un écosystème vivant où la logistique épouse l’humain. Jean-Marc le confirme : malgré la digitalisation, le relationnel reste le carburant invisible. Les défis ? Poursuivre la réduction de l’empreinte carbone, intégrer l’IA dans la chaîne d’approvisionnement, et résister aux chocs géopolitiques qui ébranlent les marchés de gros.
Les tendances consommation poussent vers plus de transparence : demain, un scan révélera l’histoire complète d’une tomate Savencia, du champ au supermarché. Les géants comme Lactalis ou Mondelez devront innover pour coller aux attentes santé et écologie… tandis que les locaux capitaliseront sur leur authenticité.
« Le grossiste alimentaire : Parce qu’un camion de chips n’arrive jamais seul… sauf si on a oublié le guacamole ! »
Optimiste, Jean-Marc sourit : « Ce métier a la saveur du risque et la fraîcheur du lien. Tant qu’on mangera, le grossiste relèvera le défi. » Un toast à cela ? Avec un cidre Danone… ou un jus local.